Présenté hier, samedi 21 mai, à Cannes, le cinéaste iranien Asghar Farhadi livre un nouveau drame domestique et social épuré, qui se déroule dans la classe moyenne en Iran, pays qui « lui manque » quand il n'y tourne pas, a-t-il dit à l'AFP.
La presse française s'est penchée sur Le Client qui a suscité des émotions multiples. Le style et la sensibilité de Farhadi ne sont plus nouveaux et le cinéaste iranien a pu se forger une marque de fabrique qui suscite aussi bien encore l'émoi qu'une certaine lassitude. Mais pour un meilleur éclairage, voici quelques extraits des articles parus dans le sillage de sa première projection officielle.
On peut lire dans l'édition du 21 mai du Nouvel Obs : "Au début du nouveau film d’Asghar Farhadi, les murs tremblent : l’immeuble de Téhéran où vivent Emad et sa femme, Rana, menace de s’effondrer. A la fin, ce couple d’intellectuels - il est professeur de littérature, ils font ensemble du théâtre - est en ruines. Entre-temps, ils ont emménagé dans un nouvel appartement, dont la précédente locataire, "une femme qui a de nombreux compagnons" (autrement dit, une prostituée), refuse de débarrasser ses affaires. C’est là qu’un soir, Rana, seule, a ouvert la porte sans demander qui sonnait, persuadée qu’il s’agissait de son mari. Quand celui-ci est rentré, il a trouvé des traces de pas ensanglantées et Rana traumatisée.
Que s’est-il passé ? C’est ce que le personnage tente de savoir, menant sa propre enquête, mais la question essentielle est de comprendre comment cet incident et les interrogations qu’il fait naître vont insidieusement modifier la relation jusqu’alors sans nuages entre un homme et une femme.
Il y a du Tchekhov chez Farhadi
Dans la manière qu’il a de sonder l’âme humaine, il y a du Tchekhov chez Asghar Farhadi, mais pour commencer le cinéaste et scénariste se montre un architecte hors-pair, qui met au point une mécanique implacable et, à partir de situations quotidiennes, installe des moments de suspense et crée un récit qui tient le spectateur en haleine du début à la toute fin.
"Le Client" (le titre original "Forushande" signifie "le vendeur" et fait référence à la pièce d’Arthur Miller "Mort d’un commis-voyageur" que Emad et Rana jouent en amateurs) livre de la société iranienne et, plus précisément, de l’image et de la place de la femme, un tableau contrasté et saisissant. Il dessine notamment le portrait magnifique d’une jeune femme victime d’une circonstance malheureuse et, plus encore, du regard porté par les hommes sur cet événement qu’elle n’a jamais fait que subir et endurer."
L'Express titrait Un malaise de plus en plus désagréable : "Ce drame conjugal tendu séduit par sa mise en scène rigoureuse, à l'os. Mais il a aussi ce mérite à ne jamais chercher à se montrer aimable et, bien au contraire, à susciter un malaise de plus en plus désagréable à travers la quête du mari de ce couple pour retrouver et humilier celui qui s'est introduit dans leur appartement et a provoqué un traumatisme chez sa femme incapable depuis de reprendre une vie normale et de poursuivre les représentations de Mort d'un commis voyageur qu'ils interprètent sur scène. Cette obsession à pousser ce "coupable" à avouer son fait devant sa propre famille et lui faire perdre son honneur joue sur la longueur et un certain épuisement. Ce qui explique sans doute pourquoi la conduite du récit paraît moins virtuose par rapport à Une séparation dont il ne retrouve jamais vraiment le fascinant aspect implacable, en appuyant ici ou là un peu trop des choses qu'il avait choisi jusqu'ici de suggérer."
Ce qui est évident, c'est qu'à travers cette histoire d'honneur et de vengeance, Asghar Farhadi nous offre une autre observation fine et réaliste des relations humaines et sociales qui ne peut ne pas ébranler tout spectateur.
Pour voir la vidéo de la conférence de presse du film Le Client, cliquez sur le lien : http://www.festival-cannes.com/fr/videos#vid=1785